En attendant son tour, Martin observa brièvement la femme qui lui faisait face. Il fit nonchalamment l'amour avec elle le temps d'un battement de cil et la laissa ensuite se rhabiller tandis qu'il saisissait le dernier Lébi jeté sur le repose-revue.
Le monde va mal. Les travaux publics n'avancent pas et la production de brocolis ne cesse d'augmenter malgré les restrictions budgétaires.
Dégoûté par tant d'obscénité, Martin se plongea un moment dans le souvenir de ses camarades cénobites avec qui il avait partagé son dernier sandwich. La réalisation par le coiffeur d'une moustache en T sur un des patients le prit de court. Quelle ignominie !
Martin a un nom de famille en T. Et pour lui, se faire appeler Monsieur T et posséder de surcroît une moustache en T relève d'un double langage allant l'encontre de la plupart de ses principes moraux. Peu enclin à être coiffé dans un établissement de si piètre qualité, il sorti bruyamment, non sans avoir :
- manifesté son mécontentement à l'égard du tenancier en lui adressant un majeur
- salué la dame du premier paragraphe d'un hochement de tête viril, mais courtois
Une fois dans la rue, Martin esquiva les quelques chalands qui se glissaient autour de lui et pénétra rapidement dans la boutique de coiffure voisine.
A son grand étonnement, l'endroit était spécialisé dans le taillage de barbe en S. Se sentant l'âme coquette et la fulgurance mesurée, il s'assit de manière décontractée à côté de l'un de ses anciens apprentis (qui se trouvait là par hasard, mais aussi par intérêt) et engagea la discussion.
Commentaires