Déjà Vu


GrandTruc se réveilla en sueur, d'un sursaut. Un soulagement pouvait se lire sur son visage, alors qu'il tendait la main pour attraper un verre d'eau. Au moins ce rêve ne deviendra pas réalité. Il reposa son verre, chassa la brume du réveil matinal d'une claque sur sa joue et se dirigea vers sa baignoire.

C'est en prenant son petit déjeuner que l'impression revint pour ce jour-là. La disposition des miettes de son croissant, le reflet de son chocolat au lait, l'heure, sa position assise, le couteau à beurre de la veille sur le coin de la table, son angle de vision de la scène et même le petit sursaut qu'il eut en se remémorant la scène qu'il avait déjà vue en songe.
Il se laissa aller au sentiment d'agir une deuxième, de savoir pertinemment ce qu'il allait faire sans vouloir en changer la structure. Il prit donc son cahier n°11 pour y noter le rêve de cette nuit, et ne fit pas attention à l'impression qui se dégageait de lui tandis qu'il écrivait.

GrandTruc se dirigea ensuite vers la salle de bain afin de se laver. Sous le jet d'eau, il écoute distraitement les nouvelles à la radio. Ca parle politique, mouvements sociaux, visites de chefs d'états et double assassinat en Corrèze. Il sourit. Les médias eux, n'ont pas de rêves et une mémoire de poisson rouge qui plus est, cela explique leurs répétitions.
En contemplant son visage dans son miroir brisé, il se demande si le fait de voir se réaliser la plupart de ses rêves lui est vraiment agréable. Comment est-on frustré ? Mais c'est le matin et il a faim, direction la cuisine.

Après avoir remis le cahier n°11 à sa place, son regard tombe sur le croissant. Les miettes devant lui se font menaçantes, et la viennoiserie le nargue. Il déteste ça : il était sûr de l'avoir mangé. Pourquoi est-il donc là à se moquer de lui ?
Il reprend son cahier et y lit le contenu qu'il a rédigé auparavant. A pas lourds il se rend dans la salle de bain, se regarde dans le miroir et explose la glace d'un coup de tête. Son reflet fracturé lui renvoi le sourire d'un carnassier rassasié. Tout est rentré dans l'ordre. Il a presque été eu. Presque. Il s'est montré très intelligent cette fois pour se piéger lui-même.

Apaisé, GrandTruc s'éveille, boit dans son gobelet et va prendre une douche.

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