Face au vent c'est mieux. Pour lui montrer, pour lui prouver qu'il ne pourra pas m'arrêter, comme personne ne le pourrait de toutes façons. Mes pieds s'enfoncent dans le sable et glissent, il est l'ami du vent - son enfant ? - et c'est sûr qu'il fera tout pour me freiner. Alors je continue, je poursuit ma lutte contre le sable, le vent, un grand sourire joyeux révélant mes dents.
Je projette mes bras dans toutes les directions, j'aime sentir le souffle du vent dessus. Car il n'a pas de prise, car il est impuissant. Et je ris à chaque nouvelle bourrasque, chaque tentative de sa part pour me faire tomber.
C'est inutile, je suis bien trop fort. Si je trébuche mes mains me rattrapent. Si je tombe, je peux me relever. J'aurai toujours le dernier mot et c'est pour ça que je suis content.
Je sais tourner je sais sauter je sais rouler, je frappe le vent. Je gagne.
Et puis je m'arrête et je le regarde. L'autre. L'océan.
Lui il est fort, c'est même le plus fort. Ouais, en s'approchant tout près c'est pas impressionnant, c'est comme le vent. Les petites vagues qui viennent tenter de déraciner mes pieds du sable sont ridicules. Mais c'est après le plus inquiétant, car il est grand. Il est fort et grand.
Si je vais trop loin je le sais, il va me prendre et me perdre, il a déjà essayé. La lutte est trop dure. Je n'ai rien à quoi me raccrocher, pas de sol, pas de branche ou de tuyau, c'est le vide complet. Alors je le regarde, et je lui fais une promesse.
J'ai encore que cinq ans. Mais bientôt, je gagnerai aussi sur l'océan.
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