Ça débute comme une jaunisse : c'est cafté par les yeux. Un regard humidement chaleureux annonce la couleur mais pas celle du sens, celle du ressenti et là tout commence. Ça se propage dans le reste du corps et tout ces organes et parties auxquels on accorde indifféremment une importance, selon que le sujet examine de lui-même sa propre anatomie, ses symptômes. Ces derniers font de toi quelqu'un qui ressent, loin de l'atone. Ils iront où il voudra : si tu y crois, ils croîtront. L'essence peut se répandre prestement dans les sens et n'attend qu'une étincelle pour s'enflammer et d'une foi, rendre aveugle celui ou celle qui se laisse consumer.
L'enfant ramasse un coquillage, en secoue le sable et le porte à son oreille dans un geste qu'il a inlassablement répété des milliers des fois, comme on le lui a appris. L'esgourde grande ouverte, il écoute la mer chanter avec un émerveillement renouvelé en observant le lent ressac des vagues qui viennent se déposer à ses pieds. Il essaie malgré lui d'harmoniser ce qu'il entend avec ce qu'il voit mais ce n'est pas la même mer, la même immensité qui lui fait face sur cette plage, ce sont de minuscules bouts de mer, de celle-ci voire d'autres, qui tiennent dans le creux de ce coquillage
L'amour est un.
Choix. Unique. Remède. Combat. Rien de tout ça. On nous a mis en garde te souviens-tu ? On nous a prévenu qu'on allait se faire mal, qu'on risquait de tomber (amoureux) et que la chute n'est jamais aussi douloureuse que lorsqu'elle s'accompagne d'un atterrissage. En dépit de toutes les mises en garde, de tous les parents, censeurs, adultes et ignorants, nous sommes amblyopes, accros à une indolence tellement insolente qu'aucun bitume ni aucun mur ne sera assez solide pour nous éparpiller. Nous voulons tous sauter.
Évoquer le vent des foules, sentir la brise de la houle, ramer aux contreforts des courants et serrer, p(r)es(s)ante, cette âme qui nous accompagne. Comme un embrun du lent demain mais toujours dans le saut, dans notre dos.
L'amour est un. Sot saut grisant. Il réunit : il est gluant. C'est un saut lent.
L'adulte ramasse sa vague, en secoue ses rêves et le rapporte à son oseille dans un geste qu'il a inlassablement répété des milliers de fois, comme on le lui a appris. Le pli bien repassé, il écoute la terre recracher son fourmillement humain en observant attentivement le léger bruissement des objets connectés qui passent de mains en mains. Il essaie par-devant lui de rassembler les éparses éléments constituant son existence pour les maîtriser, faire face à ce qu'il voit et entendre la réalité. Il se prépare à sortir.
L'adulte ramasse sa vague, en secoue ses rêves et le rapporte à son oseille dans un geste qu'il a inlassablement répété des milliers de fois, comme on le lui a appris. Le pli bien repassé, il écoute la terre recracher son fourmillement humain en observant attentivement le léger bruissement des objets connectés qui passent de mains en mains. Il essaie par-devant lui de rassembler les éparses éléments constituant son existence pour les maîtriser, faire face à ce qu'il voit et entendre la réalité. Il se prépare à sortir.
L'amour éteint.
Sombre. Obscur. Aveugle. Indifférent. L'amour ose l'amaurose. Il éteint les lumières et permet à tâtons d'oser de volubiles excès qu'en clarté on biaiserait. Petit cachotier qui, d'un rire de malice glisse et s'immisce entre des cuisses. D'autres bruits et d'autres odeurs, des mains qu'on cacherait à certaines heures. Plus de promiscuité, mais de la proximité, de la complicité pliée en deux ou à combien tu veux. Il n'y a plus d'heure lorsqu'on oublie le temps et quoi mieux que d'autres bras pour ça ? Tu vois ce que je veux écrire, tu le sens, tu le respires, le ressent et l'imagines. L'amour éteint la réalité aussi, oui.
L'amour éteint "je". Il s'étend dans un pluriel que tu ne trouves pas habituellement, danger. C'est un jeu de gens heureux.
L'amour éteint "je". Il s'étend dans un pluriel que tu ne trouves pas habituellement, danger. C'est un jeu de gens heureux.
L'amour n'est pas un joli souvenir d'enfance auprès d'une plage, ce
n'est pas la mer qui te chante dans l'oreille puisque si tu veux vraiment la réentendre tu n'as qu'à poser ta main dessus. Ne pas s'arrêter au premier "j'ai" et faire ce qui est "tu". Au-delà des maux la peau aime. Et j’ouïs tes mots, ceux que je lie aux miens. Les mêmes qui nous saoulent ensemble dans une cacophonie de ronronnements exaspérants, ceux qui engueulent, pleurent, réparent, caressent, promettent, construisent, mentent, détruisent, mordent, régalent, cajolent et font mal. De ceux qui ne sont pas refoulés ni captifs mais qu'on libère pour les mettre dans des faire.
Et qui font dire : je t'haime.
Et qui font dire : je t'haime.
Car toujours ces mots.
Toujours s'aiment.
Et sèmeront.
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