La lumière de l'halogène orienté vers mon visage finit par me réveiller. Un étrange ouvrier médical borgne sur ma droite se penche vers mon oreille et sa lampe frontale heurte ma joue. Tiens, je suis allongé. Dans un dialecte que je maîtrise rudimentairement, il m'intimide fermement de ne pas bouger pendant la fin de l'opération. Quelque chose a du mal se passer hier soir... Tandis que ses assistants calent ma nouvelle rotule à l'aide de baguettes chinoises et qu'une envie de riz cantonais me saisit bestialement, j'en profite pour éclaircir un peu les souvenirs nauséeux qui me reviennent des évènements de la veille...
Berlin jour 1 - 31 octobre
"Arrivés sur place sans encombres - Discrétion bien déroulée - Éparses zombies éliminés aucune force hostile majeure - Rendez-vous contact local établi - Équipés et claquemurés - Attendons instructions." Tel fut, à peu de choses près, mon premier rapport câblé à la hiérarchie envoyé ce soir-là. Ou était-ce la nuit ? Notre équipage de quatre prépare son équipement tout en s'approvisionnant en coutumes locales afin de mieux tromper l'ennemi. On nous répond peu de temps après par cryptogramme voyageur. Nom de code "Pont d'or". Regards en coin, le haut-commandement élabore une première mission qui nous paraît périlleuse. Pas paillettes. Nonobstant leurs incompétences, je choisis comme apparat une tenue de baron squelettique qui devrait au moins me faire tenir tout le samedi. Notre petit commando se met en marche silencieusement dans une nuit où ripailles côtoient guérillas foireuses.
En chemin de notre sinusoïdale progression, deux de mes acolytes se recueillent devant la reproduction d'une idole protectrice nasale. Un signe de bon augure puisqu'arrivés au pilier du camp de base pontifical mais malveillant nous parviennent les accords d'une musique qui en ce lieu paraît un râle. Il est évident que cela va barder. Un subterfuge adroit nous permet de passer le premier poste de contrôle mais le deuxième ne cèdera qu'avec un bakchich somme toute modeste mais inélégant. Au cœur du bastion la bataille fait déjà rage : peste et choléra misent sur une victoire à la typhus. Nous sécurisons rapidement la marchandise à nos corps défendants et faisons barrage face aux hordes déferlantes. Une de mes acolytes me subtilise mon monocle afin d'amplifier ses pouvoirs pour manipuler vocalement le directeur des opérations ennemis. Ma stratégie est tout autre et personnelle : disparéapparition. Tu me vois. Plus. Là. Ailleurs. Et soudain, derrière toi. Je surprends et filoute tout le monde mais désoriente mes partenaires par là même occasion. Tu veux me suivre ? Mais dans mon dos cela grommelle et d'un coup traître d'un seul, un sortilège m'expulse physiquement du théâtre des opérations. Hors-champ.
Fondu au noir. Retour à... (moi ?). La jambe de nouveau marchable je sors de l'infirmerie. J'aperçois la grosse matrone sale qui a pris soin de ma vessie quelques instants plus tôt et je la congédie d'un salut amical. Je retrouve mes esprits avec mon GPS et va de l'avant. En avançant au sein des ravages, gravas et décombres, je réalise vite être la seule personne douée d'un laps de raison parmi les êtres alentours.
Berlin jour 2 - 1er novembre
Le jour des Morts vomit bien son nom. La bataille de la veille aura fait bien des dégâts chez les leprechauns, humains et peuples féériques. Examinant le sol à la recherche d'une piste de retour, j'aperçois même des insectes sur le carreau. Diantre ! Je prends rapidement des nouvelles de mes coéquipiers, mais, alors qu'ils rassuraient mon affolement concernant leur santé et m'expliquaient comment rejoindre un avant-poste ennemi où se sont retranchés les survivants d'hier, une bombe électromagnétique explose à ma proximité incapacitant de fait mes instruments de communication et de navigation. Je n'ai désormais plus le choix et modifie en conséquence mes plans : je vais devoir me procurer des outils adéquats à la réparation de mon équipement. Me mêlant rapidement à la population - ma maîtrise de la langue Orc s'avérant d'un utile secours - je finis par échouer dans un discret tripot où, à la lueur des chandelles et vidant quelque breuvage autochtone, je parviens à réparer tous mes bouzins électroniques. Étant avant tout un brillant homme de terrain, la tâche pour moi était ardue mais il faut parfois savoir se dépasser. A Marc ! Après avoir célébré comme il se doit mon succès personnel j'apprends que, contrairement à moi, mes coéquipiers ont subi un cuisant revers et ont du se replier au camp de base. Vilipendant leur incompétence, je les rejoins néanmoins et les retrouve épuisés, prostrés et chacun dans son petit coin. Je leur passe donc le savon et tous à la douche pendant que je désinfecte mes plaies.
On se rééquipe, nos tenues de la veille ayant soufferts des affrontements et j'en profite pour récupérer mon monocle. Toute choses étant égales par ailleurs je subtilise également une plume qui me paraît recéler des pouvoirs intéressants. La plume est la plus forte. Peu avant la forteresse antagoniste, nous tombons sur une bidasse Elfe n'ayant rien trouvé de mieux à faire que de sauter sur une mine. Entre deux râles d'agonie il parvient néanmoins à en devenir une lui même, et pour ses informations nous lui commandons un petit kébab sauce blanche qui lui permettra de tenir au moins jusqu'au matin. A l'aide d'un sortilège plumé, je nous introduis dans la forteresse lorsque, alors que j'avais pris la tête de la file que nous formions, je trébuche illégitimement sur un piège de narcose. Dans un réflexe critique, je parviens quand même à lester ma conscience dans ce monde mais je ne suis plus que l'ombre de mon ombre. Tout en luttant contre le sortilège toute la soirée, je parviens aux bouts d'efforts instinctifs à influer sur la bataille et ce qui sera notre victoire finale.
Bordeaux jour 3 - 2 novembre
J'émerge sur un canapé tandis qu'un des brancardiers présents s'enquiert de mon état de santé. Positif. Il me laisse repartir et je cherche mon chemin dans cette forteresse bordelaise en me demandant pourquoi Laure et Damien m'ont lâchement abandonné dans cette ville esclavagiste aux périlleux recoins. Je me roule une cigarette.
Berlin jour 3 - 2 novembre
J'écrase ma cigarette sur le sol berlinois après un atterrissage difficile. Autour de moi ne sont que cadavres et déchets sanguinolents. Je joins mes compagnons de fortune qui me précèdent sur le chemin du camp de base et convient de les y retrouver. Ou alors je vais me promener dans un parc... ? Je me retourne et, emplumé, contemple sous moi le cadavre de ma dignité qui rend ses derniers soupirs. Je l'achève à l'aide de mes godillots et m'en vais. Le soleil est beau et bien chaud, ça va être une belle journée !
Berlin jour 1 - 31 octobre
"Arrivés sur place sans encombres - Discrétion bien déroulée - Éparses zombies éliminés aucune force hostile majeure - Rendez-vous contact local établi - Équipés et claquemurés - Attendons instructions." Tel fut, à peu de choses près, mon premier rapport câblé à la hiérarchie envoyé ce soir-là. Ou était-ce la nuit ? Notre équipage de quatre prépare son équipement tout en s'approvisionnant en coutumes locales afin de mieux tromper l'ennemi. On nous répond peu de temps après par cryptogramme voyageur. Nom de code "Pont d'or". Regards en coin, le haut-commandement élabore une première mission qui nous paraît périlleuse. Pas paillettes. Nonobstant leurs incompétences, je choisis comme apparat une tenue de baron squelettique qui devrait au moins me faire tenir tout le samedi. Notre petit commando se met en marche silencieusement dans une nuit où ripailles côtoient guérillas foireuses.
En chemin de notre sinusoïdale progression, deux de mes acolytes se recueillent devant la reproduction d'une idole protectrice nasale. Un signe de bon augure puisqu'arrivés au pilier du camp de base pontifical mais malveillant nous parviennent les accords d'une musique qui en ce lieu paraît un râle. Il est évident que cela va barder. Un subterfuge adroit nous permet de passer le premier poste de contrôle mais le deuxième ne cèdera qu'avec un bakchich somme toute modeste mais inélégant. Au cœur du bastion la bataille fait déjà rage : peste et choléra misent sur une victoire à la typhus. Nous sécurisons rapidement la marchandise à nos corps défendants et faisons barrage face aux hordes déferlantes. Une de mes acolytes me subtilise mon monocle afin d'amplifier ses pouvoirs pour manipuler vocalement le directeur des opérations ennemis. Ma stratégie est tout autre et personnelle : disparéapparition. Tu me vois. Plus. Là. Ailleurs. Et soudain, derrière toi. Je surprends et filoute tout le monde mais désoriente mes partenaires par là même occasion. Tu veux me suivre ? Mais dans mon dos cela grommelle et d'un coup traître d'un seul, un sortilège m'expulse physiquement du théâtre des opérations. Hors-champ.
Fondu au noir. Retour à... (moi ?). La jambe de nouveau marchable je sors de l'infirmerie. J'aperçois la grosse matrone sale qui a pris soin de ma vessie quelques instants plus tôt et je la congédie d'un salut amical. Je retrouve mes esprits avec mon GPS et va de l'avant. En avançant au sein des ravages, gravas et décombres, je réalise vite être la seule personne douée d'un laps de raison parmi les êtres alentours.
Berlin jour 2 - 1er novembre
Le jour des Morts vomit bien son nom. La bataille de la veille aura fait bien des dégâts chez les leprechauns, humains et peuples féériques. Examinant le sol à la recherche d'une piste de retour, j'aperçois même des insectes sur le carreau. Diantre ! Je prends rapidement des nouvelles de mes coéquipiers, mais, alors qu'ils rassuraient mon affolement concernant leur santé et m'expliquaient comment rejoindre un avant-poste ennemi où se sont retranchés les survivants d'hier, une bombe électromagnétique explose à ma proximité incapacitant de fait mes instruments de communication et de navigation. Je n'ai désormais plus le choix et modifie en conséquence mes plans : je vais devoir me procurer des outils adéquats à la réparation de mon équipement. Me mêlant rapidement à la population - ma maîtrise de la langue Orc s'avérant d'un utile secours - je finis par échouer dans un discret tripot où, à la lueur des chandelles et vidant quelque breuvage autochtone, je parviens à réparer tous mes bouzins électroniques. Étant avant tout un brillant homme de terrain, la tâche pour moi était ardue mais il faut parfois savoir se dépasser. A Marc ! Après avoir célébré comme il se doit mon succès personnel j'apprends que, contrairement à moi, mes coéquipiers ont subi un cuisant revers et ont du se replier au camp de base. Vilipendant leur incompétence, je les rejoins néanmoins et les retrouve épuisés, prostrés et chacun dans son petit coin. Je leur passe donc le savon et tous à la douche pendant que je désinfecte mes plaies.
On se rééquipe, nos tenues de la veille ayant soufferts des affrontements et j'en profite pour récupérer mon monocle. Toute choses étant égales par ailleurs je subtilise également une plume qui me paraît recéler des pouvoirs intéressants. La plume est la plus forte. Peu avant la forteresse antagoniste, nous tombons sur une bidasse Elfe n'ayant rien trouvé de mieux à faire que de sauter sur une mine. Entre deux râles d'agonie il parvient néanmoins à en devenir une lui même, et pour ses informations nous lui commandons un petit kébab sauce blanche qui lui permettra de tenir au moins jusqu'au matin. A l'aide d'un sortilège plumé, je nous introduis dans la forteresse lorsque, alors que j'avais pris la tête de la file que nous formions, je trébuche illégitimement sur un piège de narcose. Dans un réflexe critique, je parviens quand même à lester ma conscience dans ce monde mais je ne suis plus que l'ombre de mon ombre. Tout en luttant contre le sortilège toute la soirée, je parviens aux bouts d'efforts instinctifs à influer sur la bataille et ce qui sera notre victoire finale.
Bordeaux jour 3 - 2 novembre
J'émerge sur un canapé tandis qu'un des brancardiers présents s'enquiert de mon état de santé. Positif. Il me laisse repartir et je cherche mon chemin dans cette forteresse bordelaise en me demandant pourquoi Laure et Damien m'ont lâchement abandonné dans cette ville esclavagiste aux périlleux recoins. Je me roule une cigarette.
Berlin jour 3 - 2 novembre
J'écrase ma cigarette sur le sol berlinois après un atterrissage difficile. Autour de moi ne sont que cadavres et déchets sanguinolents. Je joins mes compagnons de fortune qui me précèdent sur le chemin du camp de base et convient de les y retrouver. Ou alors je vais me promener dans un parc... ? Je me retourne et, emplumé, contemple sous moi le cadavre de ma dignité qui rend ses derniers soupirs. Je l'achève à l'aide de mes godillots et m'en vais. Le soleil est beau et bien chaud, ça va être une belle journée !
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