Vous ne me voyez jamais mais je suis toujours là, tout près, tout prêt, à comploter
Et il est bien malin celui qui un jour, forcément par hasard, me repèrera
Car si je suis fier, je n'en suis pas moins fort et surtout pas distrait
J'aime vos chaussettes, vos bas, vos élastiques à cheveux
J'ai dans une malle vos perles, vos trombones et j'en suis amoureux
Tous les jours j'erre, chaland guettant vos friandises abandonnées
Je ratisse, ramasse, moissonne et entasse à vos frais
Cherchez moi dans le placard, je suis sous la couette
Regardez sous le lit, je suis dans un gant de toilette
J'adore prendre mes bains dans l'évier et boucher vos siphons
Allumer vos lumières et camoufler vos chaussons
Un courant d'air ?
Une porte qui claque ?
Je suis pépère
C'est MA baraque !
Et nous sommes nombreux à vous fourvoyer
Des milliers à vous infester
Et que vous êtes crédules, humains
De ne voir en nous que la maladresse de vos mains
Nos larçins sont vifs
Et vos regards chétifs
Balayez
Maugréez
Nous prenons
Nous gardons
Esthètes de la félonie par petits pas nous prenons confiance
Et il n'est pas loin le jour où vous nous jurerez allégeance
Car sans vos babioles point de billevesées
Si vous n'avez plus votre routine vous pleurez
Dites adieu à vos cotillons, vos jouets et vos fêtes
Nous reprendrons place, vous avez vite cru à notre défaite
Car les lutins d'appartement
Jamais ne seront des morts-vivants
Et toujours nous émerveillerons-nous
De vous voir désespérés
De vous voir chercher
Ce qui n'appartient qu'à nous
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