La trilogie du cœur 3 : le Cœur

Au sol le Cœur se meure. Il s'évide de son propre souffle sans rien pouvoir y faire : monstrueuse créature passive de sa propre déchéance. Le sang qui s'écoule de lui à sillons lents et réguliers le laisse dans une agonie d'où il sent, d'où il sait, que malgré tout son pouvoir et cette volonté haineuse qui l'anime encore, il ne pourra stopper l'afflux fatal. Pourquoi moi ? Et cela l'affole. Gigantesque monstruosité claudiquant dans la peur, suffoquant dans un gargouillis de rage pathétique. Une pulsation, un hoquet. Une pensée, un râle. Et au centre de ce paquet de nerfs se contorsionnant : le poison.

Attrape-Cœur.

Le cœur de Chasseur a éclaté lorsque le Cœur de la Belle l'a ingurgité et ce n'est pas d'amour qu'il est en train de crever. Ce qui s'insinue en lui n'est que le reliquat d'une volonté de loin supérieure à la rage qui l'anime. Amour ? Ha ! Le Cœur en a bouffé des mièvres amoureux et leur courage mignon qui subitement disparaissait à sa vue (dès que lui apparaissait ?). Clac ! Clac ! Et les mâchoires mettaient fin aux beaux rêves colorés de ces naïfs acidulés. Niark SCHLAK. Pourquoi figurer lorsque l'on peut défigurer ? Ils n'étaient que pions dans le jeu de la Belle, actrice.

Arrache-Cœur

C'était avant la souffrance, avant le crépuscule des battements. Avant le Comment ? Car désormais le Cœur n'a plus toute sa tête et il essaie de hurler par sa bouche qui n'a jamais existé. Ses mains invisibles tentent de saisir son torse, son corps veut faire la love et reste torve, gluglutinant dans des marasmes de sang. Au sol le Cœur se meure. Fébrile et sans consœur, il pleure. Le Cœur n'est pas qu'une lame, le Cœur a une âme qui dans un souffle dernier br...

Crève-Cœur

Hallucineur. Plus rien ne pulse, le Cœur sais-tu ? Et la forêt respire.

On peut réentendre les feuilles bruisser dans le calme, c'est le tout petit matin : les rayons de soleil reprennent leurs places entre les branches des arbres toutes heureuses de pouvoir les accueillir. Plénitire, calmitude et palme. L'air se parfume d'une brise légère d'humus.
STOP
Zoom Boom. Le Cœur se soulève et explose alors que la forêt ne peut retenir son souffle. Des morceaux de chairs hémoglobineuses sur les troncs alentours. Dégoulinent. Salissent. Les arbres vomissent. Maintenant le Cœur n'est certes plus, mais pire la chose qui l'a remplacée. Car au milieu des biles versées, l'œil du cyclone héberge une créature qui ne se fait pas prier. Haletante. Hâletée. Allez ! Elle pousse son cri et défi.


Noires ailes , noires nouvelles. Nouvelles noires, espoir. Le ciel se couvre soudainement. La Petite Chose fugacement rit, retrousse dents et vagit dans la nuit.

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